jeudi 29 juin 2017

Roger de Laron et les Templiers – Histoire et Légendes -3/.-

Le Château de Laron, est à proximité de la Commanderie de Charrières ( aujourd'hui en Creuse, au hameau de La Faurie – commune de Saint-Moreil). Roger de Laron a connu le vieux Géraud de Saint-Martial, qui a déposé à Poitiers lors du procès des Templiers. En 1308, il est également interrogé à Rome : il dit avoir reçu l'habit du Temple,  il y a environ cinquante ans, des mains de frère Etienne de « Loriut », précepteur du Limousin, en une maison du Temple appelée Chamberaud. Peu après son admission, il est allé dans les États latins d'Orient et y a passé vingt-quatre ans.

Le vieux chevalier Géraud, aimait s'approprier cette légende: 
Une forteresse, dans les environs de Tyr, appartenait à un puissant Emir. Ce chef était assez malin, pour accepter de rencontrer les chrétiens et commercer avec eux ; mais il refusait d'en être le vassal...
Il avait une fille très belle qui serait tombée amoureuse du fringant écuyer Géraud. La jeune femme lui aurait dévoilé le secret pour accéder au château sans se faire prendre par la garde, afin qu’il puisse venir la retrouver la nuit. Un soir, le jeune homme laissa volontairement la porte ouverte, pour que les chevaliers chrétiens assaillent la forteresse. Face à cette trahison, l'Emir et sa fille se sont jetés de la plus haute tour, préférant mourir plutôt que d’abandonner le château aux chrétiens.

Le templier Géraud de Saint-Martial, s'il n'était rentré en sa province, serait bien resté en Orient : « Ceux qui étaient pauvres en leur pays, ici Dieu les a fait riches. Pourquoi retournerait-il en Occident celui qui a trouvé l'Orient si favorable ? » ( témoignage de Foucher de Chartres)
Wilbrand d'Odenbourg (1180-1233) au début du XIIIe siècle, décrit des forteresses qui pouvaient être aussi des châteaux de plaisance :
« Cette salle, dit-il, ouvre d'un côté sur la mer, où l'on voit voguer les navires, et, de l'autre, sur des prairies et des vergers. Son pavage de mosaïques représente une eau ridée par la brise et on est tout étonné en marchant de ne pas voir ses pieds empreints dans le sable qui apparaît au fond. Les murs sont revêtus de placages de marbre qui simulent des tentures. La voûte est peinte à l'image du ciel et l'on y voit des nuages courir, le vent souffler et le soleil distribuer l'année, les mois, les jours, suivant leur mouvement dans le Zodiaque. En ces arts décoratifs, les Syriens, les Sarrasins, les Grecs excellent et rivalisent. Au milieu de cette salle se trouve tin bassin en marbres de couleurs diverses, où l'on voit une variété infinie de fleurs qui éblouissent le regard. Au centre de cette vasque se trouve un dragon, dont la gueule lance une gerbe d'eau cristalline qui, grâce à l'air circulant librement par de larges fenêtres, répand en cette salle une fraîcheur délicieuse.

Et dans ces belles résidences du bord de la mer vivaient ces princesses lointaines qui s'appelaient Sibylle, Béatrix, Étiennette, Mélisende, dans un luxe raffiné, où la grâce française se mêlait de façon singulière aux charmes mystérieux de l'Orient.
Il faut imaginer des fêtes princières qui se donnaient dans ces grandes cités de la colonie latine : Telle que le couronnement d'un nouveau roi de Jérusalem, et la fête qui lui fait suite se prolonge pendant quinze jours dans l'immense grand'salle du Palais des templiers de Saint- Jean-d'Acre ; on y donne des représentations théâtrales : chevaliers et noble» dames se partagent les rôles des héros de la Table ronde et l'on voit paraître en des joutes galantes Lancelot, Tristan, Palamède et Penthésilée, reine des Amazones."



Ce témoignage nous rappelle une autre histoire, que les croisés aiment se raconter.
Elle concerne le chevalier Renaud de Châtillon (1120-1187) : fils cadet d'un pauvre seigneur de Châtillon Coligny près de Gien, Renaud fait partie des hommes de la seconde croisade. Il est venu en Terre sainte davantage en quête d'aventures et de preux exploits que pour des motivations religieuses. Il épouse en 1153 Constance de Hauteville (1127-1163), la princesse d'Antioche, veuve depuis 1149 ; qui pourtant ne souhaitait plus se marier... . Constance, Petite fille, mariée en secret, à neuf ans, à un chevalier de vingt-cinq ans son aîné ( Raymond Ier de Poitiers, prince d'Antioche, fils de Guillaume IX, duc d' Aquitaine..), va découvrir peu à peu les armes de son sexe faisant de ce mariage de raison une étonnante histoire d’amour. Elle apprend aussi à surmonter la haine de sa mère en même temps qu’à louvoyer entre les revendications des empereurs byzantins, les ambitions du roi de Jérusalem et les attaques des turcs pour préserver sa liberté de femme et de princesse.
Renaud, devenu prince d'Antioche, est fait prisonnier par l'émir d'Alep... Malgré sa témérité reconnue de tous, il reste seize ans en captivité...

Constance étant morte, le roi de Jérusalem marie Renaud avec Étiennette de Milly ( + 1197), déjà deux fois veuve, suzeraine d'un des principaux fiefs du royaume, cette vaste Terre d'Outre-Jourdain, où plusieurs châteaux forts s'échelonnent sur une ligne de crête au delà de la mer Morte jusqu'à la mer Rouge. La principale forteresse de cette Terre d'Outre-Jourdain est Kérak de Moab.
A cette époque, le royaume est menacé par un ennemi redoutable, le sultan Saladin, qui est parvenu à réunir sous sa domination les États musulmans de Syrie et d'Egypte.
Bientôt Renaud de Châtillon devient son principal adversaire et lui inflige maintes défaites.
L'année suivante, Saladin va, avec une puissante armée, assiéger Renaud dans son grand château de Kérak, qui domine, à 1 000 mètres d'altitude, le rivage oriental de la mer Morte. Et, dans le récit de ce siège, se place un épisode plein de grâce et de galanterie.

* Le 22 novembre 1183, une fête splendide commence dans le grand château du désert ; la noblesse franque s'y est réunie, venant de très loin, pour les noces du fils d'Étiennette de Milly, Onfroy de Toron, avec Isabelle, fille du feu roi de Jérusalem, Amaury.
Tout à coup, on signale l'approche des troupes musulmanes. Cependant, la fête continue, et, tandis que les mangonneaux de Saladin martèlent les murailles, tandis que Renaud de Châtillon, avec ses hommes d'armes et ses perrières, soutiennent le combat, on danse au son des fanfares joyeuses dans la grand'salle pleine d'invités de haut lignage. Et le chroniqueur Ernoul nous raconte un trait de délicate courtoisie de la princesse Étiennette vis-à-vis de Saladin. Elle lui fait porter une part du festin nuptial dans son pavillon de soie tout brodé d'or et lui envoie son salut en lui rappelant qu'alors qu'elle était tout enfant, lui, Saladin, était otage dans le château et qu'il la portait dans ses bras. Et le Sultan, très ému par ce souvenir, lui répond par un geste véritablement chevaleresque : « II la merchia moût hautement », et il demande à ceux qui ont apporté ce présent «en quelle tour gîtaient les nouveaux mariés».- Et, quand on la lui montre, il fait crier par tout son ost que nul ne tente de lancer des traits contre cette tour ni de l'attaquer en aucune manière.

Cette fois. Saladin ne prit pas le château : l'armée du roi de Jérusalem, avertie par des feux allumés en haut du donjon (par temps clair, on voit le Jardin des Oliviers de l'autre côté de la mer Morte, à 80 kilomètres à vol d'oiseau), vint au secours de Kérak et Saladin dut lever le siège. Mais, quatre ans plus tard, il remportait une éclatante victoire à Hattin sur le roi de et il tuait de sa main Renaud de Châtillon.

Voilà de vielles histoires que raconte ( 130 ans plus tard..!)  le vieux templier, Géraud de Saint-Martial... Mais revenons à Charrières...
La commanderie se compose d’une ferme et de dépendances, d’un château et d’une chapelle dédiée à Sainte-Claire. Une fontaine nommée « Sainte-Claire » est creusée à côté et en contrebas de la chapelle. Ce lieu de dévotion sert à soigner les maladies des yeux.

Beaucoup de pierres de ce lieu saint ont été utilisées pour construire des maisons dans le village de La Faurie. En 1837 , le château de la commanderie, adossé à l’église sera détruit. Beaucoup de pierres de la chapelle ont été utilisées pour construire des maisons dans le village de La Faurie.
Images extraites du film '' Kingdom of Heaven''

lundi 26 juin 2017

Roger de Laron et les Templiers – Secrets et Légendes -2/.

La Fin des Templiers :

En 1307, peu de monde défend les templiers... Le désenchantement de la Noblesse et du Peuple envers ceux qui étaient censés défendre la Croix contre les infidèles ; la transformation des moines guerriers en propriétaires terriens, en banquiers ; des cérémonies d’admission et d’initiation des moines considérées comme secrètes et incompréhensibles, voire hérétiques … Tout ceci a pour effet de rendre tout à fait plausible les incroyables allégations qui sont faites par les sbires du Philippe IV, contre les templiers ....
Philippe le Bel, monarque toujours en manque de ressources, se met à penser à l’utilité du Trésor des Templiers. S’il ne sert plus à financer les expéditions chrétiennes en territoire musulman à qui pourrait il profiter ?
De plus cette constellation de châteaux, forteresses et couvents dans les mains des guerriers du Christ, forment un empire hors de contrôle du souverain : l’Ordre des Templiers se positionne comme un état au sein d’un état.

Philippe IV commence par lancer une campagne de calomnie contre les Templiers, accusant ces derniers d'être des sodomites, ainsi que de participer à des rituels sataniques...
Avant d'abattre le Temple, Philippe IV doit renverser celui qui en possède l'autorité : le Pape. Par l’entremise de son fidèle Guillaume de Nogaret (1260-1313), il profite de la confusion qui s’abat sur Rome, accuse Boniface VIII d’hérétique, et lui arrache le pouvoir, le bannissant de la cité.
Auparavant, en 1296, Philippe le Bel soumet le clergé français à impôt sans l'aval du pape Boniface VIII ; celui-ci le menace d'excommunication … Le roi lance une campagne de pamphlets, dénonce l'hérésie, le parjure, le mépris des sacrements et même les pratiques sexuelles douteuses de Boniface VIII. C'est Nogaret, qui se rend à Anagni, et au beau milieu d'une insurrection menée par les frères Colonna, deux cardinaux que le pape a spoliés de leurs biens, il signifie au pape qu'une assemblée réunie au Louvre a décidé de déposer et de faire juger le pape Boniface VIII... Pendant deux jours, sous la pression des Français, Boniface est prisonnier en son palais d’Anagni (septembre 1303). Libéré par ses partisans, Boniface VIII, humilié, meurt quelques semaines plus tard.
Ensuite en juin 1305, Philippe le Bel fomente l’investiture d’un de ses sujets Bertrand de Goth, l’archevêque de Bordeaux pour être nommé pape : Clément V (1264-1314) annule tous les actes de Boniface VIII contre Philippe le Bel.
Le 14 septembre 1307, le Roi signe en l'abbaye de Maubuisson, l’ordre d'arrestation de tous les Templiers établis sur son royaume. Des ordres cachetés sont envoyés à tous les baillis et sénéchaux du royaume. Ils ont instruction formelle de ne les ouvrir que le 12 octobre au soir.... On connaît la suite ...
Arrestation des Templiers eu octobre 1307
Clément V s'émeut du procédé royal ... En accord avec les souverains étrangers, il tente de réagir. Deux conciles réunis à Trèves et à Mayence déclarent les templiers innocents. Mais il est trop tard.

Les templiers pressentant l’imminence de l’intervention de Philippe le Bel, ont débarrassé les commanderies de tous les documents, comptes, archives diverses en leur possession.
Que sont devenus ces documents ?
A ce trésor de documents s’ajoute le trésor constitué par les importantes sommes d’argent déposées dans leurs coffres.

Lors du procès, un frère templier, Jean de Châlons ( qui est sergent) ; prétend avoir cherché à s'opposer à la fuite de frère Gérard de Villers à la tête de 50 chevaux ; 40 chevaliers et 10 chevaux portant les coffres du Trésor Général. Ils auraient pris la mer avec dix-huit galères. A moins que ceci, ne soit qu'un stratagème pour détourner l'attention des officiers du roi de France...
Le ''trésor'' aurait été dispersé...
Plusieurs lieux ont été cités, bien connus et d'autres moins... Par exemple, les souterrains du château de Juillé ( secret confié par Hubert de Faudoas, qui fut le page de Guillaume de Beaujeu, un grand Maître de l'Ordre du Temple tué à Saint Jean d'Acre en 1291 ) ; vers la forêt d'Orient ( dans les étangs entre Troyes, Payns, Clairvaux ) ; cette région même qui sert de source d'imagination à Chrétien de Troyes, pour décrire les territoires du Roman de Perceval,; la ''piste'' d'Aquitaine, et La Rochelle ( pour un départ maritime …), à Barbezières, au Mont Dore ( Auvergne), en Ecosse, au Portugal, voire en Amérique … !

Et si pour pour certains le véritable trésor du Temple est autre, et s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui ... Roger de Laron, dirait que le véritable trésor est de l'ordre d'une ''science''.
Si encore le trésor est de l'argent, des reliques, des objets liturgiques, des textes antiques... Tous se rejoignent dans un vocabulaire compris d'eux-mêmes : l'Or, l'or alchimique, les pommes d'or, la Toison d'or, l'Arche, les Tables, l'Oeil d'Horus, la Coupe Sainte... Etc... Bref : Le Graal... Il n'y a pas de définition possible du Graal... Le Graal apportait à ceux qui pouvaient le contempler, toute nourriture et toute joie. Pour cela il est nécessaire d'ouvrir son esprit à lire directement dans la nature même des choses …


vendredi 23 juin 2017

Roger de Laron et les Templiers – Secrets et Légendes -1/.-


L'importance de l'Ordre du Temple.

Ce 23 décembre 1095, le pape Urbain II entre à Limoges. - Il y a un mois que '' l'appel '' de Clermont à la 1ère croisade a eut lieu. Le jour de Noël, il célèbre trois messe : à l'abbaye de la Règle, à l'abbaye Saint-Martial puis à la Cathédrale. Le 29 et le 30, il consacre les deux basiliques.
De nombreux seigneurs locaux rejoignent l'armée du comte de Toulouse. Cette croisade aboutit le 15 juillet 1099 à la prise de Jérusalem.

En 1116, Hugues, le puissant Comte de Champagne, un des princes les plus riches du royaume de France, marié en 1093 à Constance de France, fille du roi Philippe 1er, répudie femme et enfants. Il abandonne ses richesses et les siens pour rejoindre le nouvel Ordre du temple et surveiller les routes sous les ordres de Hugues de Payns, son ancien vassal... ( Unique.. ! dans les annales du Moyen-âge..) Pourquoi ? Que cherche t-il ?

* L'Ordre du Temple est fondé en 1120 et reconnu par le Concile de Troyes en janvier 1129.
Bernard de Clairvaux et les Cisterciens guident les premiers pas de l’Ordre.
L’Ordre est composé de chevaliers, de chapelains, de sergents formant la masse des simples soldats, et enfin d’une multitude d’artisans de tous métiers. Tous sont liés par la Règle, mais seuls les premiers, réunis en Chapitre, exercent le gouvernement.
Règle de l’ordre du Temple
Premiers mots (Incipit) de
la règle de l’ordre du Temple
adoptée au concile de Troyes de 1129.

Le concile de Troyes (1129) rend les Templiers intouchables. Seul le Pape a dorénavant prise sur l'Ordre... Ils échappent également à tous impôts et toutes dîmes, laïques ou épiscopales...
Presque immédiatement, l'Ordre se trouve richissime : en Orient par le gain des armes ( le pillage...). En Occident par les dons : par pénitence, par peur de l'au-delà... Des terres , de l'argent, des héritages... Le Roi d'Aragon voulut même donner la totalité de son royaume … !
Les Templiers sont chambellans et aumôniers de la papauté. Ils sont aussi chargés de récolter les taxes sur les croisades. Ils disposent d’une formidable puissance économique qui fait d’eux d’incontestables financiers et d’évidents détenteurs de la plus grande partie du réseau des châteaux forts sans lesquels l’établissement des croisés en Terre Sainte n’aurait eu aucune chance de survie.
Les Templiers créent en plein Moyen-Âge un système monétaire perfectionné dans lequel figurent la plupart des opérations modernes : ouverture de comptes courants, avances, cautions, gestion de dépôts, transferts internationaux de fonds...
Tout seigneur qui partait en croisade pouvait sécuriser ses biens en les confiant au Temple. Une lettre de change lui était alors remise. Grâce à cette dernière, celui-ci pouvait retirer les sommes d’argent dont il avait besoin tout au long de son voyage, dans l’une des commanderies rencontrées sur son chemin.

Des spécialistes ont calculé qu’au XIIIe siècle, l’Ordre du Temple tirait de toutes ses activités bancaires, un revenu annuel moyen de 112 millions de livres, c’est-à-dire à peu près cent milliards de francs en 1999.

Après la chute de Saint-Jean d'Acre en 1291, l'Ordre du Temple se replie dans ses ''maisons''...
Ces commanderies sont principalement des exploitations agricoles dont une partie des revenus alimente leurs finances ; le templiers ne négligent pas non plus de s'installer en ville.


Aux XIIe etXIIIe siècles, notre région du Limousin correspondait au comté de la Marche au nord et à la vicomté de Limoges au sud, tous deux vassaux du Duché d'Aquitaine . Les templiers avait une organisation territoriale qui leur était propre et une grande partie de cette région faisait en fait partie de la province templière d'Auvergne qui se forme entre 1180 et 1190, le reste étant vraisemblablement dépendant de la province d'Aquitaine... On dénombre près de trente six établissements dans le Limousin.
Entre 1175 et 1200, pour le diocèse de Limoges, huit maisons sont situées au nord du diocèse ( la Creuse actuelle ).
La commanderie de Lavaufranche en Creuse
Pour le siècle suivant, ce sont une vingtaine d'églises, et de chapelles qui apparaissent...
Au XIIIe siècle, nous sont révélées 15 maisons templières et 11 hospitalières.
L'ordre du Temple s'est installé un peu partout sauf au Nord-ouest du département creusois et à l'est.
Les Templiers ne se préoccupent pas des limites des diocèses. Ils ne dépendent que du Pape...


Les maisons du temple seront au nombre de 9.000, elles feront de l’Ordre la plus puissante banque d’Europe, son trésor constituera la caisse centrale des croisades.
Principales commanderies templières en Europe : France 360, Italie 118, Espagne 59, Royaume Uni 45, Allemagne 20, Portugal 15, Pologne 12, République d’Irlande 11, Ecosse 9, Belgique 9, République Tchèque 5, Autriche 4.
L'ordre devient le premier propriétaire foncier en Europe Via son réseau de commanderies...

Parmi les maisons ayant tenu un certain rôle, il faut nommer Paulhac ( près de Fursac) . Gérard de Sauzet, maître de la province d'Auvergne se rend régulièrement dans la commanderie de Paulhac. Trois des derniers maîtres du Temple en Auvergne et Limousin entre 1290 et 1299, y ont tenu des chapitres ; et elle est citée à plus de vingt reprises dans les actes du procès.

Autour de Laron ( Saint-Julien le Petit) les Templiers possèdent des biens à la Jonchère, des églises d’obédience templière : ainsi à Saint Jean de Lépinas près de St-Léger et à Sauvagnac, une « grange dîmière » au Coudier d’Ambazac. Dans l’église et dans le cimetière, il se trouve de nombreuses tombes bâtières à la symbolique templière. Selon des manuscrits du XIIe siècle, Saint-Maurice de La Jonchère serait la plus ancienne église d’importance après Saint Martial de Limoges. À cette époque sera construite une « maison des romeux » (pèlerins) aux Marmiers (disparue depuis) …
Connue également, la commanderie templière de Puy Bonnieux ( aujourd'hui sur la commune de Pageas en Haute-Vienne) à proximité d'un des itinéraires de Saint-Jacques-de-Compostelle qui traversait la région limousine. Est mentionné, le Moulin du Temple sur la Gorre ; les paysans des hameaux voisins étaient tenus d'y moudre leurs grains. Le moulin du Temple rapportait jusqu'à « soixante setiers de seigle. » sources: Augustin Vayssière.
Le monastère de Sauvagnac – fondé par des moines grandmontains - devient à la fin du XIIe siècle, une dépendance de la Commanderie des Templiers de Paulhac.  

mardi 20 juin 2017

Roger de Laron : sa Foi en cette fin du XIIIe s.

Roger de Laron, le sait...Et, nous l'avons déjà évoqué... : (Roger de Laron : les Templiers et le Saint-Suaire.)
- Les Templiers ont possédé, et possèdent encore le linge qui a enveloppé le cadavre de Jésus ; cette relique est protégée parmi le Trésor disséminé après l'arrestation des chevaliers. ( Cf, le prochain article)
Ceux qui l'ont vu, en particulier les grands Maîtres de l'ordre, évoquent ce linge en décrivant un visage qu'il garderait inscrit dans le tissage, avec les marques du supplice... Certains chevaliers adorent la relique, et d'autres les accusent d'adorer une idole...

Roger de Laron, reste prudent sur ces accusations... Lui même, quand il fut interrogé par l’évêque, a récusé toutes les abominations prêtées au chevaliers pauvres du Christ... Ce dont il peut témoigner, c'est un rituel d'obéissance établi par les Templiers qui met à l'épreuve les recrues, et qui reprend des gestes de leurs ennemis pour les édifier, et peut-être les préparer... En effet, les sarrasins obligent les prisonniers chrétiens, sous peine de mort, à renier Jésus-Christ et à cracher sur la croix...

Bien sûr, Roger de Laron croit en un seul Dieu, qui se manifeste en une Trinité. Il croit au Père, créateur de toutes choses.
La création est parfaite, à l'image du créateur... Au travers de ses voyages et de ses rencontres, le seigneur de Laron a très vite été intrigué par les questions sur l'origine des dieux, du ciel et de la terre que les différents peuples se posent délicatement exprimés dans des contes, des histoires ( des mythes)... Ainsi, a t-il entendu parler au sein du Chaos, des noces entre la terre et le ciel. C'est Chronos, qui sépare l'étreinte en coupant le sexe de son père... Certains évoquent un œuf, concentration de vie... La grande question débattue parmi les sages, est de savoir si le monde est fini ou infini... ?

La conviction de beaucoup de lettrés est que Dieu étant infini, il ne peut avoir créé un monde fini : ce serait chose indigne de sa puissance créatrice... Pourtant, Roger sait qu'il ne faut pas trop le dire... Les clercs proches des puissants de l’Église abhorrent l'idée d'un univers infini : l'ordre et l'harmonie du monde ne peuvent exister dans un espace infini.
Si la Terre est au centre du monde... Manifestement, pour les hommes du XIIIe siècle, le monde est un lieu différencié, hiérarchisé, organisé et cohérent ; il est le fruit de la réflexion de la plus haute intelligence... Ce sont les séparations qui ont permis aux jours, nuits, mers, terres, sexes de se créer... L'homme lui-même est séparé de Dieu ...

Ce qui édifie Roger de Laron, également, c'est la religion des sarrasins. L'islam, avec la croyance en un Dieu unique, transcendant, source unique de la doctrine, professe l'unité des êtres humains entre eux et avec le cosmos.
La nature vivante, n'est pas une matière inerte, elle est habitée par le souffle de Dieu, sa destinée est interdépendante de la notre.
Le chevalier templier garde, tel un trésor, la traduction d'un texte arabe d'Huseyn Mansûr Hallâj ( mort en 922 à Bagdad)
Ce texte est éminemment alchimique, il décrit les différentes opérations de transformation de soi, par l'anéantissement de l'égo et par l'advenue de Dieu en soi...

« C'est le recueillement, puis le silence ;
puis l'aphasie et la connaissance ;
puis le découverte ; puis la mise à nu.

Et c'est l'argile puis le feu ; puis la clarté et le froid ;
puis l'ombre ; puis le soleil. (…)

Et c'est l'ivresse puis le dégrisement ;
puis le désir, et l'approche ;
puis la jonction ; puis la joie.

Et c'est l'étreinte puis la détente ;
puis la disparition et la séparation ;
puis l'union ; puis la calcination. »

C'est à Chypre, que Roger de Laron a entendu parler de la première fois de la science du ''Grand Oeuvre'' ; un savant sarrasin enseignait que l'or représentait l'équilibre parfait entre les deux principes opposés et complémentaires le Soufre et le Mercure... Raymond Lulle (1235-1315) que Roger a compris la description opérative du monde dans lequel il vivait..
Ces quelques mots étaient le départ semblait-il d'une théorie qui englobait le visible et l'invisible … C'était assez tentant … Mais c'est avec
Pour résumer : le monde visible est décrit selon une structure ternaire ; et qui prend son origine dans la matière primordiale ( crée par Dieu) : elle est représentée par le ''Vif Argent'' ou Mercure. De cette matière initiale se sont extraits les corps angéliques, les corps célestes ( les astres ..) et les corps terrestres. Des corps terrestres nous connaissons ( Aristote) - les Quatre éléments : l'eau, la Terre, l'Air et le Feu.
Les alchimistes ont découvert, également : la Quinte essence... Raymond Lulle la décrit comme un esprit subtil répandu dans l'ensemble de la nature et qui vient s'ajouter aux quatre éléments.
Cette essence s'appelle un alcool...

A son retour en Aquitaine, Roger de Laron, s'est vite aperçu, qu'en ce XIIIe siècle, les moines pratiquaient dans leurs monastères cette alchimie ; sous les deux formes, matérielle et spirituelle.

Parmi eux, Roger Bacon (1214-1294), franciscain après avoir été marié, a atteint une certaine notoriété...

Roger Bacon - Alchimiste - Conte.

samedi 17 juin 2017

Robert de Laron, la magie - Michael Scot -

Michael Scot (1175-1235), quitte vers 1220 l'Espagne. A Bologne, il est médecin. Entre 1224 et 1227, Michael Scot se trouve au service du pape Honorius III (?-1227) et de son successeur Grégoire IX. Le 31 mai 1224, il est nommé archevêque de Cashel en Irlande.

Cependant, il doit renoncer à ce siège, car il manie mal l'irlandais. Le 9 mai 1227 on lui donne d'autres prébendes en Écosse et en Angleterre. Enfin, on sait qu'en 1127, il est astrologue à la cour de l'empereur Frédéric II (1198-1250), empereur du Saint-Empire ( il est roi de Germanie, de Sicile et de Jérusalem). Il a accueilli des savants du monde entier à sa cour. Il porte un grand intérêt aux mathématiques et aux beaux-arts... A sa mort, on l'évoque comme la ''stupeur du monde'' ; dans l'esprit des gens à l'époque, il est ''l'Empereur endormi'' dans les profondeurs d'une caverne, et on attend son retour...
On dit que Frédéric II a mis à l'épreuve son astrologue de cour et conseiller médical et lui a demandé de calculer la distance entre le ciel dont il parlait toujours, et la pointe d'un clocher. L'astrologue fait le calcul et donne le résultat à l'empereur. Après quoi Frédéric fait en secret abaisser la tour de la largeur d'une main et demande à Michael Scot de calculer encore une fois la distance, prétendant l'avoir oubliée. N'aboutissant pas au même résultat Michael Scot en conclut que le ciel avait monté de la largeur d'une main ou que l'église avait baissé d'autant. L'empereur alors embrasse son astrologue pour avoir fait un calcul si exact.

Michael Scot aurait prévu qu'il serait tué par une petite pierre... Il s'était donc fait une protection pour la tête, le Cerebrerium. Un jour, pendant que Michael Scot assiste à la messe, il enlève cette coiffure comme il convenait, et justement alors une petite pierre tombe de la voûte et le blesse légèrement à la tête. Après qu'il eut considéré la pierre, il règle encore ses affaires et meurt peu après.
Riders of the sidhe - John Duncan


* Concernant Michael Scot, Roger de Laron aime rapporter cette anecdote que l'on se raconte entre alchimistes :
Le décor est une fête à la cour de l'Empereur. Alors que les invités se pressent, Michael Scot offre au monarque un cadeau : un miracle qu'il peut choisir dans l'instant. Frédéric II lui suggère de convoquer une pluie rafraîchissante, car le temps est lourd et oppressant. Aussitôt, la pluie commence, et stoppe à l'ordre du magicien …
L'empereur, à son tour lui offre une récompense. Et Scot demande la permission de choisir un de ses chevaliers pour l'aider à résoudre une difficulté majeure que vit un seigneur étranger. Ulfo, un chevalier allemand, est choisi. Tous deux quittent la fête, alors que l'on commence à peine à recevoir les invités...

Ulfo entreprend ainsi l'aventure commanditée par Scot. Ils partent pour la Sicile, et de là, s'arment de deux grandes galères, et d'une force armée et, traversent la Méditerranée. Ils naviguent jusque devant Gibraltar et se risquent sur la mer de l'Ouest, où ils trouvent une terre inconnue. La population locale se joint à l'armée d'Ulfo lors de deux batailles et un siège, contre un roi hostile.
Ulfo triomphe contre l'ennemi, et se marie avec la fille du roi ; et même règne à sa place. Scot , alors, disparaît et ne ré-apparaît que plusieurs années plus tard, pour demander à Ulfo de l'accompagner pour une visite à l'Empereur, dont il avait quitté la cour il y a plusieurs années.
Ulfo revient donc, à la cour de l'Empereur. La scène est comme il l'avait laissée, plusieurs décennies auparavant. Les serviteurs distribuent des coupes d'eau aux invités pour se laver les mains avant la fête à la cour. Rien n'a changé, et il ne s'est passé qu'un instant depuis le départ d'Ulfo...

Malheureusement, Ulfo a passé le reste de sa vie à pleurer la vie qu'il avait perdu.

mercredi 14 juin 2017

Robert de Laron, la magie noire et le Diable. -2/2-

A l'égard du Diable et de ses pouvoirs, les histoires sur Roger de Laron, en constituent un vivant exemple. Ainsi, celle-ci :
On raconte que Roger eut commerce avec Satan lui-même, mais dans un but charitable, pour tenter de sauver un étranger rencontré par hasard.

Un jour, alors que, perdu dans ses pensées, le seigneur de Laron s'est éloigné du château et se promène aux alentours du village de Saint-Julien, il tombe sur un jeune homme affalé dans l'herbe, une épée en travers de ses genoux et les yeux pleins de larmes. Le chevalier s'arrête pour s'enquérir de ses malheurs et le réconforter et – pense t-il - l'empêcher d'attenter à ses jours, comme son attitude peut le donner à craindre.
Il entend alors le récit d'une bien curieuse aventure.

Le jeune homme a mené une vie des plus dissolues: ayant dilapidé son héritage en beuveries et jusqu'à perdre son fief au jeu, il s'est abouché avec un vieux sage ( semblait-il) qui lui a offert son aide. Celui-ci s'engage à payer les dettes du jeune homme et à subvenir à ses besoins, en échange, le jeune homme se mettrait à l'entière disposition de son bienfaiteur.
Les dettes ont été honorées, et le vieillard est venu réclamer son dû. C'est alors seulement - en humant une écœurante odeur de corps en putréfaction et en apercevant l'éclat d'un regard infernal dans l'ombre du capuchon - qu'il a brusquement compris qui était son créancier...
Comme il a été dupé, il a exigé obtenir un délai d'un jour avant de lui appartenir corps et âme pour toujours, et cette journée touche à sa fin... !
Roger de Laron l'écoute d'un air empreint de gravité. Et, fort de ses connaissances, de ses aventures, il s'offre pour lui venir en aide....
Il offre l'hospitalité au jeune homme, et le lendemain matin, dans le froid de l'aube, ils se mirent – tous deux – en route pour rencontrer Satan à la lisière d'un bois de la chatellerie, là où deux chemins se croisent.
Quand ils arrivent au lieu du rendez-vous tout semble paisible. L'air sent bien la fumée, mais cela peut être dû au travail des charbonniers qui travaillent non loin de là.
Un homme âgé, portant une houppelande et un capuchon noir, les attend. Il a l’air plutôt inoffensif, bien que son visage soit dissimulé dans l'ombre Mais quand il lève la main et que sa manche se relève, le seigneur de Laron lui-même a un sursaut. Il n'y a pas de bras auquel la main soit rattachée. Ils ne perdent pas de temps en préliminaires. Le vieillard prend Roger à témoin du marché conclu, selon les termes duquel lorsque toutes les dettes du jeune homme auront été payées, celui-ci "doit se tenir à l'entière disposition du créancier, et accourir librement et sans aucun délai au premier appel du créancier susdit ".
Le seigneur de Laron lit et relit attentivement le contrat, puis il demande au jeune homme: « Est-ce
bien votre signature ? Vous avez accepté, dès que toutes vos dettes auront été payées, de vous donner à Satan ici présent?»
« C'est vrai », répond le jeune homme, « mais je ne savais pas qui il était quand j'ai signé "
Roger écarte l'objection d'un geste de la main et reprend :
«  Mais il est clair pour moi que toutes vos dettes n'ont pas été payées... Vous n'avez pas remboursé le créancier qui se tient devant nous. Et tant que cette dette reste impayée, il n'a aucun droit sur vous. »

Sur ces mots, le chevalier se tourne vers le vieil homme et de la main droite il fait dans l'air le signe de croix des Templiers... Aussitôt, la silhouette encapuchonnée s'évanouit...

dimanche 11 juin 2017

Robert de Laron, la magie noire et le Diable.-1/2-

Il y a, dit-on, loin en Espagne, une école qui s'appellerait l'Ecole Noire. On y apprend la science de la matière, la magie et autres sciences antiques. Cette école se trouve dans une caverne au bout d'un souterrain très profond. Il n'y a, bien sûr, aucune fenêtre, aussi y fait-il toujours noir, du moins comme dans un four.... Il n'y a pas de professeurs, on apprend tout dans des livres écrits en lettres de feu que l'on peut lire dans l'obscurité. Ceux qui apprennent là ne peuvent sortir en plein air ou voir la lumière du jour tant qu'ils y restent, et il leur faut patienter dans cette écoles trois, cinq ou sept ans pour terminer leurs études.

Chaque jour, une main grise et velue entre par le mur et tend à manger aux étudiants. Celui qui tient cette école a stipulé que le dernier à quitter l'école, chaque année, lui appartient. Et comme ils savent tous que c'est le Diable qui tient l'école, chacun tente tout pour éviter d'en sortir le dernier.

Il est arrivé que le Diable voit sa proie lui échapper...
Une fois, il y eut trois Islandais à l'Ecole Noire: Saemundur le savant, Kalfur Arnason et Halfdan Eldjarnsoon ou Einarson qui, par la suite, fût prêtre à Fell dans le Slettuhlid. Ils devaient quitter l'école tous ensemble et Saemundur s'offrit à sortir le dernier. Les deux autres s'en réjouirent. Saemundur s'enveloppa dans un grand manteau, sans enfiler les manches et sans boutonner un bouton. Il y avait un escalier pour remonter de la maison d'école. Lorsque donc Saemundur arriva à l'escalier, le diable empoigna son manteau en disant: "Toi, tu m'appartiens." Alors, Saemundur se débarrassa de son manteau et sortit en courant. Il ne resta que le manteau entre les mains du diable. Mais la porte de fer grinça sur ses gonds et claqua si fort sur les talons de Saemundur qu'il fut blessé aux os des talons. Alors, il dit: "La porte a claqué tout près des talons" - et c'est devenu depuis un proverbe.
Voilà comment Saemundur parvint à quitter l'Ecole Noire avec ses camarades. D'autres disent que lorsque Saemundur le savant monta l'escalier et passa les portes de l'Ecole Noire, le soleil brilla sur lui et porta son ombre sur le mur. Quand, donc, le diable voulut s'emparer de Saemundur, celui-ci dit: "Je ne suis pas le dernier. Tu ne vois pas celui qui me suit?" Le diable saisit alors l'ombre qu'il prit pour un homme et Saemundur s'échappa et la porte claqua sur ses talons. Mais à partir de ce moment là, Saemundur n'eut plus jamais d'ombre parce que le diable ne la lui rendit jamais.

A l'issue de leurs études, ces ''savants'' peuvent se permettre d'assister à des événements lointains, et donc de se déplacer à la vitesse de l'éclair. Ils peuvent invoquer des démons.
Saemundur possédait des pouvoirs très étendus. Le bruit courait qu'il était servi par un démon familier qui le transportait par delà les mers à sa demande, et qui s'occupait du bon ordre de sa maison et de ses propriétés. Et, le Diable attendait tranquillement son heure, car on racontait aussi que des légions de démons se pressaient autour du 1it de mort de Saemundur, guettant l'instant où
son âme quitterait son corps.
Il semble que tous les adeptes de cette école de magie disposaient et disposent des mêmes pouvoirs. 

Le savant écossais Michael Scot (1175-1232), par exemple, contemporain de Bacon, avait sous son autorité, à son retour d'Espagne, une nuée de serviteurs infernaux, et il possédait un ouvrage intitulé Le Livre du pouvoir, qui contenait les formules permettant de les évoquer ou de les renvoyer. On prétendait qu'il chevauchait un démon ayant pris la forme d'un cheval, qu'il faisait surgir du néant de somptueux festins, et qu'il avait contraint ces fils de l'Enfer à bâtir des ponts et à déplacer des montagnes.
Aussi inspirait-t-il une vive crainte aux gens du commun. Quand il mourut, il fut enterré solennellement, et Le Livre du pouvoir fut accroché au mur de l'église près de son tombeau. Pendant des siècles, personne n'osa l'ouvrir ni même le toucher, par crainte de libérer les créatures que ses formules magiques permettaient d'évoquer.

Scot passait pour avoir partie liée avec l'ennemi par excellence de l'univers, mettant ainsi en péril aussi bien sa personne que son entourage, et que l'ordre même de la nature. Ce n'était pas chose aisée que de toucher au domaine interdit et de rester indemne. Un magicien devait faire preuve d'un grand courage et d'une grande habileté pour commander aux puissances des ténèbres sans devenir leur victime.

jeudi 8 juin 2017

Roger de Laron et le ''Grand Oeuvre'' -16/.- Sainte-Barbe

Une autre femme fait très bien le lien entre Dame Margot, Mélusine et l'alchimie... Cette autre femme, est célèbre, en ce moyen-âge, et par ici, c'est '' Sainte Barbe ''
Il en restera longtemps quelque chose, en effet, vers 1900, à Felletin et à Aubusson : la ''Sainte Barbe'' ( 4 décembre) est un événement important, un jour chômé, marqué par des coups de feu et de copieux repas bien arrosés. 
Les creusois économisaient en prévision de ce jour de fête familiale pour lequel ils réservaient traditionnellement une dinde ou une oie dans les campagnes avoisinantes. Des coups de pistolets et de fusils, sirènes et cloches appelaient les ouvriers, non plus au travail mais au rassemblement festif. Avec le temps cette tradition festive collective a perdu de sa ferveur pour prendre l’allure d’un simple banquet, puis - depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale - le 4 décembre n’est plus un jour chômé.

L'histoire de cette sainte, se situe à Nicomédie, dans la province de Bithynie (aujourd’hui Izmit en Turquie) sous le règne de l’empereur Maximin I, dit le Thrace (235-238) ; elle est la fille du gouverneur Dioscore.
Pour la préserver des sollicitations du monde et surtout du prosélytisme chrétien, son père la fait enfermer dans une tour qui n’est éclairée que par deux fenêtres. Un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduit dans la tour et la baptise...
Pour manifester sa foi en la St Trinité, elle perce elle-même dans les murs de sa prison une troisième fenêtre. Sa conversion au christianisme, rend furieux son père qui met le feu à la tour. Elle s'enfuit, et se réfugie dans le creux d’un rocher, qui miraculeusement s’entrouvre pour lui donner asile. Jetée en prison, elle subit le martyr. On laboure son corps avec des peignes de fer et des torches allumées sont enfoncées dans ses côtes. En colère, son père la frappe de son épée. Il est immédiatement foudroyé.


La Tour, peut symboliser le corps dans laquelle l'âme individuelle est enfermée. Sa virginité (et son mariage mystique), peut attirer le Feu du ciel : c'est l'union du Féminin, et du masculin, de la Terre et du ciel, de l'âme et de l'Esprit …
On retrouve cette même image dans la ''Maison Dieu'' du Tarot. Les jumeaux de la '' Maison Dieu'' sont les fruits de l'union dont on vient de parler... C'est surtout la promesse de l’Homme Nouveau qui se révèle dans la Lame XX - le Jugement, après que les Noces alchimiques du Soleil et de la Lune ont eu lieu dans l’Athanor de sainte Barbe. Comme pourrait le révéler Hermès le Trismégiste ; sainte Barbe possède  « les trois parties de la Philosophie de tout le monde », et la Pierre dressée est notre matière à transmuter en corps de Gloire, alors seulement, la mort sera abolie, et l’on possédera les « clés du royaume des ciels. ».

Sainte-Barbe est représentée à côté d'une tour ''allumée'', représentative de l’athanor des alchimistes.
Dire qu'une '' vierge '' est enfermée dans une tour-symbole de l'Athanor, c'est dire que la'' materia prima ''des alchimistes est prête à la transmutation...
La Tour et la foudre sont deux éléments liés à Sainte Barbe patronne des alchimistes et de tous ceux qui exercent un métier en rapport avec le Feu (patronne des pompiers, des mineurs, etc…).
La Tour est l'élément capital qui rejoint, Mélusine : Dame Margot, et comme nous venons de le voir : Sainte-Barbe


Ensuite, un homme charitable, Valentin, enterra le corps de Barbe avec celui d’une autre vierge, martyrisée avec elle, Juliana (Julienne). Sa tombe attira beaucoup de pèlerins et fut le site de nombreuses guérisons.  

<-- Boltraffio, Sainte Barbe - Porteuse du Graal

lundi 5 juin 2017

La Chastelaine de Vergy

Nous venons de rencontrer des personnages de la lignée des ''de Vergy''. Un nom déjà mis à l'honneur par la littérature … !
Quand Roger de Laron fut en âge de lire ; il n'a pu éviter un roman d'amour courtois, qui était un succès en cette fin du XIIIème siècle : il s'agit du poème de La Chastelaine de Vergy, écrit en vers par un inconnu.
Dans l'Amour courtois, la fin'amor est assortie de l’obligation quasi sacrée qui est faite aux amants de tenir absolument secrète leur liaison, généralement adultère. Quand le troubadour chante sa dame, il ne la désigne que sous un pseudonyme et se garde de donner son nom.
Le roman a eu un énorme succès dans les cours occidentales à partir du XIIe siècle et on retrouve ce thème dessiné ou sculpté sur des tablettes à écrire, des miroirs, des peignes ou des coffrets à bijoux.
Aujourd’hui ce texte est l’un des joyaux de la littérature française du Moyen Age. Il en subsiste vingt-deux manuscrits connus datant du XIIIe au XVIIIe siècle.



A l’époque gothique, Paris est la capitale du travail de l’ivoire. Les coffrets, comme les valves de miroir ou les tablettes à écrire, illustrent ce goût pour les oeuvres profanes sculptées de thèmes puisés dans la littérature courtoise contemporaine.
Les panneaux de ce coffret profane illustrent l’histoire des amours tragiques de la châtelaine de Vergy et d’un chevalier. Le style des vêtements portés par les personnages indique que le coffret du Louvre date du second quart du 14e siècle.

Le nom de Vergy était déjà entré en littérature, avec le Roman de la Violette composé en 1227-1228 par Gerbert de Montreuil. Le héros, Gérard de Nevers défendait le château de Vergy et l’orphelin qui l’habitait contre les assauts d’un chevalier pillard.
Il semble que Vergy soit alors un lieu de séjour des jongleurs et ménestrels des XIIe et XIIIe siècles. Leurs châtelains ont sans doute le sens de l’hospitalité, d’où l’intérêt que leur portent les poètes.
Les scène se passent en Bourgogne, alternativement au château de Vergy, demeure de l'héroïne, et dans un château du duc de Bourgogne, très voisin du premier, sans doute le château d'Argilly..
Vergy est un village de la Côte d'Or. Du château, il n’en reste que quelques rochers, car il a été rasé en 1604 et n’a jamais été reconstruit.

Les personnages sont le duc et la duchesse de Bourgogne qui ne sont pas nommés, la châtelaine de Vergy, nièce du duc, et un chevalier amant de la châtelaine.

« Il est une espèce de gens qui font semblant d'être loyaux et de garder si bien un secret qu'il convient de se fier à eux ; et quand aucun s'abandonne à leur faire une confidence d'amour, ils la répandent par le pays et en font leur fable et leur risée.

Alors celui qui a révélé son secret en perd toute joie ; car plus l'amour est grand, plus les parfaits amants sont désespérés, si l'un d'eux croit que l'autre a découvert ce qu'il devait celer, et souvent il s'ensuit cet effet détestable que l'amour finit à grande douleur et vergogne.

Telle chose advint en Bourgogne à la Dame de Vergy et à un Chevalier qui l'aimait.
»

La châtelaine de Vergy s’ennuie ferme dans son château, bâti à quelques kilomètres de Beaune, sur un éperon rocheux. Elle s’éprend d’un beau chevalier, compagnon du duc de Bourgogne dont il est le vassal le plus apprécié.
L’amitié cède bientôt le pas à l’amour et les visites se font de plus en plus rapprochées et intimes.
La dame craint d'éveiller quelques soupçons dans son entourage ; et envisage de faire sortir son petit chien - dressé à cet effet - dans le verger, pour signaler à son amant l’absence du châtelain...
La dame, rappelle à son amant que leur amour doit être tenu secret ; et qu'au moment même où leur amour serait révélé, il la perdrait ainsi que le don total qu’elle lui fait d’elle-même.
« Ami, fet ele, or vus chasti,               « Ami, dit-elle, maintenant je vous avertis,
Si vus comant e si vus pri,                  je vous le recommande et je vous en prie:
Ne vus descovrez a nul humme!        ne vous confiez à personne.
De ceo vus dirai ja la summe:                        Je vais vous dire la raison de la chose:
A tuz jurs m'avrïez perdue,                 vous me perdriez à tout jamais
Se ceste amur esteit seüe;                   si cet amour était connu.
Jamés ne me purriez veeir                  Plus jamais vous ne pourriez me voir
Ne de mun cors seisine aveir. »                      ni prendre possession de mon corps. »

Longtemps, tout se passe bien, et leur amour est doux et secret, car personne d’autre n’en a connaissance.
Tout se passe fort bien jusqu’au jour où la duchesse de Bourgogne, invitée au château par son amie, est mise en présence du chevalier.
La duchesse s’intéresse alors au jeune homme, et finalement, brûle elle aussi d’amour pour le chevalier.... Objet des avances de la duchesse, le chevalier refuse et lui déclare qu'il ne se montrera jamais déloyal envers son seigneur.

La duchesse en ressent une profonde irritation. De dépit elle dit à son mari que le chevalier lui a déclaré sa flamme. Le duc appelle le chevalier et le somme de lui dire l’exacte vérité. Partagé entre son devoir de vassal, son désir de rétablir la vérité et son serment de ne rien dévoiler de son amour ; il opte finalement pour la vérité et raconte tout à son seigneur. Il lui confie - pour appuyer son récit - le jeu du petit chien qui favorise ses rencontres avec la châtelaine de Vergy.
Le duc à demi convaincu demande au chevalier à l'accompagner lors de son prochain rendez-vous, pour assister de loin à la rencontre des deux amants. Le chevalier y consent, et la nuit suivante, les deux hommes partent à pied. Le duc caché derrière un arbre voit venir le petit chien suivi bientôt de la dame ; il peut alors constater de visu que le chevalier ne lui a pas menti.

La duchesse, étonnée, observe aucun changement dans l'attitude de son mari envers le chevalier. Elle traite le duc avec froideur jusqu'à ce qu'elle lui extorque le récit des liens qui unissent la châtelaine et son chevalier ; non sans avoir juré à son tour de garder le secret. Mais elle se trouve trop humiliée d'avoir été préférée à une dame de moindre rang....
Elle entreprend de se venger davantage, et invite alors la châtelaine à un bal où elle la complimente sur le dressage des petits chiens ; et sous-tend qu’elle n’ignore rien de ses amours.

La Dame de Vergy apprend le parjure de son amant et voit ainsi son amour coupable étalé sur la place publique. Ainsi bafouée, elle meurt de douleur. Le chevalier apprend la nouvelle du suicide de sa maîtresse, et pris de remords, se transperce le corps de son épée.
Le duc trouve les deux corps sans vie des amants, il comprend son tort d’avoir clamé et répandu les termes de leur secret. Il s’empare de l’épée du chevalier. Il perce à jour l'ignominie de la duchesse et la décapite en plein bal. Le duc se confie à un ecclésiastique. Il quitte ses fonctions à la tête du duché et s’engage comme Templier pour faire croisade.

On pourrait douter que les personnages de ce roman aient existé réellement... En effet, deux thèmes repris dans cette histoire en alimentent bien d'autres : il s'agit du '' Secret à bien garder '' et de ''l'Amoureuse dédaignée et accusatrice'' que l'on retrouve dans la mythologie avec Joseph et la Femme de Putiphar, ou Sténobée et Bellérophon... Pourtant, et parfois la réalité rejoint la fiction ; certains détails que nous connaissons de la vie de quelques personnalités du duché de Bourgogne à cette époque, correspondent...

* Nous pourrions avoir une piste avec Hugues III (1148-1192), duc de Bourgogne de 1162 à 1192. En 1165, il épouse en premières noces Alix de Lorraine (1145 - †1200) qu'il répudie en 1183.. ! Il se remarie .. En 1185, il est en guerre avec le seigneur de Vergy. Il s'engage ensuite dans la troisième croisade. Il combat au côté de Richard Cœur de Lion et meurt à Tyr zn 1192.
D'autres dames de Vergy ont été apparentées à la maison de Bourgogne.

* L'héroïne du poème est mariée à un Vergy; elle est de plus nièce d'un duc de Bourgogne. Et, on pourrait l'identifier à Laure de Lorraine, mariée en premières noces à Jean de Dampierre et en secondes noces, entre 1259 et 1267, à Guillaume de Vergy, sénéchal de Bourgogne : elle devient, par ce mariage , petite-cousine ou plutôt nièce, à la mode de Bretagne, de Hugues IV, duc de Bourgogne.
Le duc avait donné en fief à Guillaume de Vergy la châtellenie dont il portait déjà le nom, et par suite, Laure de Lorraine avait le droit de se faire appeler châtelaine de Vergy.
Le duc visé par le poète est, dès lors, Hugues IV, qui nous est représenté partant pour, la Terre Sainte et n'en revenant pas. En fait, Hugues IV se croisa avec Louis IX et mourut en 1272, de retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Quelle est la duchesse ? Ce ne saurait être que Yolande de Dreux, première femme de Hugues IV, qui meurt en 1255, alors que Laure de Lorraine, mariée à Jean de Dampierre, ne portait pas encore le nom de Vergy. C'est donc Béatrice de Champagne, mariée en 1258.


Quant au chevalier amant de la châtelaine, nulle allusion ne nous permet de découvrir son nom.

** Les illustrations proviennent de photos de la ''Camera da letto della Castellana di Vergy'' du Palais Davanzati à Florence. La décoration de la chambre du 2ème étage, reprend les épisodes de notre histoire... Ce palais du Moyen-âge a été construit par la famille Davizzi, des marchands de l'Arte di Calimala.

vendredi 2 juin 2017

Roger de Laron : les Templiers et le Saint-Suaire.

L'histoire du ''Suaire de Turin '' comprend un blanc historique entre 1204 ( Sac de Constantinople par la 4ème croisade) et 1357 quand Jeanne de Vergy organise les première ostensions du Linceul du Christ dans la collégiale de Lirey.
Comment cette relique est arrivée dans les mains de Jeanne de Vergy ( veuve de Geoffroy de Charny et sans enfant) ? Une partie de la réponse nous est donnée par Roger de Laron.

Je voudrais vous raconter cette histoire :

- Pourquoi la Collégiale de Lirey ?
Geoffroy de Charny est cité par Froissard, comme l'un des vaillants chevaliers qui libèrent la ville de Cambrai, pendant la guerre de Cent ans. En Octobre 1341, lors d’une bataille, près de Morlaix, Geoffroy, est fait prisonnier. Il est emmené en Angleterre. Rançon payée, il participe à la croisade, puis encore d'autres batailles … 1347 : en secondes noces, il épouse Jeanne de Vergy. Il commence alors une carrière diplomatique, devient conseiller royal, reprend les armes, il est refait prisonnier et conduit à la Tour de Londres... Reprend les armes, et écrit un livre important sur la Chevalerie. Il meurt en défendant son Roi ...
Dès juin 1343, Philippe VI ( Valois, et Roi de France) , en tant que "participanz es messes, oreisons et bienfaiz qui seront faiz en ladicte chapellenie", accorde des privilèges financiers à Geoffroy de Charny pour la chapelle qu’il entend fonder à Lirey (20 km au sud de Troyes), "pour le salut de son âme". Geoffroy y consacre des ressources impressionnantes pour un seigneur aux revenus modestes. En 1353, cette chapelle, dite de l’Annonciation, est érigée en collégiale par le pape Clément VI (suite à une demande de 1349). Le pape Innocent VI accorde des indulgences, en 1354, à ceux qui visiteront la chapelle à certains jours de fête. Et, le 28 mai 1356, l’évêque de Troyes (Henri de Poitiers) approuve la fondation en termes chaleureux.
Et , brusquement – sans autorisation de l'évêque - Jeanne de Vergy (après la mort de son mari.) présente au public la Relique !
Enseigne-du pèlerinage de-Lirey-du-XIVe-ou-XVe

- Qui est Jeanne de Vergy ?
Jeanne de Vergy ( décédée en 1410) , descend de Otton de la Roche, premier duc d'Athènes. Othon est originaire du château de La Roche à Rigney, dans le Comté de Bourgogne. Othon participe à la quatrième croisade, lancée en 1202 et détournée en 1204 contre l'empire byzantin.
Jean III et Jeanne de Vergy

Isabelle de Ray (+1278) est née Isabelle de la Roche, elle est la fille d'Othon V de la Roche. Elle porte le même prénom que sa grand-mère épouse d'Othon de la Roche quatrième du nom et duc d'Athènes.
Isabelle épouse Henri de Vergy, de qui elle eut Jean Ier de Vergy (+1310) Seigneur de Mirebeau ; sénéchal de Bourgogne, marié à  Marguerite de NOYERS, née en 1245, lequel eut pour fils Guillaume de Vergy ( +1360) marié à Isabeau de Choiseul qui eut pour fils Jean de Vergy ( +1370 et marié à Isabeau de Joinville , qui eut pour fils Guillaume de VERGY, seigneur de Mirebeau †1374 marié à Agnès de Jonvelle de CHAUVIREY †1407 et qui eut pour fille Jeanne de Vergy (+1410) , laquelle épouse Geoffroy 1er de Charny, Seigneur de Lirey.


- Quel est le rôle des Templiers ?
Le 15 avril 1204, c’est la fameuse prise de Constantinople. La ville est littéralement saccagée, pillée et dépouillée de ses trésors et reliques comme en témoignent les chroniqueurs tels Geoffroy de Villehardouin ou Robert de Clary. Le saint Suaire se trouvait alors dans l’église de Sainte-Marie-des-Blachernes. Parmi les chevaliers, on note la présence de Guillaume de Champlitte et celle d’Othon de la Roche. Après la prise de Constantinople, Othon devient le premier duc du duché d’Athènes en soumettant ses possessions au roi de Thessalonique.
Donc, Othon 1er de La Roche,obtient le Linceul en 1204. ensuite il l’a très vraisemblablement emmené à Athènes ; une lettre de Théodore Ange Commène au pape Innocent III, datée de 1205, situe le Linceul à Athènes.
Othon fait de l’acropole une forteresse et construit devant les Propylées une tour « la tour d’Othon » qui resta debout durant 650 ans. Puis, après avoir confié son fief à son frère : Guy de la Roche, Othon retourne en Franche-Comté pour finir ses jours au château de son épouse Isabelle de Ray.


À la suite de la quatrième croisade, les templiers s'installent en Grèce. Au XIIIe siècle, le maître de la province est désigné par le titre de commandeur d'Achaïe.
Guy II de La Roche (1279-1308) est duc d'Athènes de 1287 à sa mort. Bien qu'il soit mort jeune, il est respecté et renommé pour son comportement chevaleresque. Il succède à son père Guillaume Ier de La Roche à un moment où le duché d'Athènes devient plus puissant, plus important et plus riche que la principauté d'Achaïe, dont il est le vassal.

C'est là que su situerait l'action de Roger de Laron, et des Templiers afin de récupérer la relique du Saint-Suaire et la ramener dans le Royaume de Jérusalem, à Saint-Jean d'Acre...

Alors que Guillaume de Beaujeau est grand-Maître (1273-1291), le Saint-Suaire est déjà exposé au cours d'un Chapitre Templier. Après la défaite d'Acre (1291), les biens, archives, et reliques sont transférées dans l'île de Chypre ; puis en partie à Montpellier où Hugues de Paireaud dit l'avoir vu et touché au cours du Chapitre Général qui s'est tenu dans cette ville à l'automne 1293. Enfin, il semble qu'il se soit trouvé au Temple de Paris en 1295 et 1296, durant les chapitres généraux de l'Ordre.( Sources A. Lombatti, Milan).
Au chapitre du 24 juillet 1307, devant le danger pressant et tangible, on décide de transférer le Saint-Suaire en Champagne, où l'on pouvait compter sur une réseau serré de parenté et sur des rapports favorables avec la noblesse et les administrateurs de la Région.
Roger de Laron intervient à nouveau, pour remettre entre les mains des descendants d'Othon 1er, le coffre qui contient la Sainte relique …

C'est ainsi que la famille ''de Vergy'' aurait transmis le Saint Suaire alors gardé dans le château de Ray-sur-Saône à son arrière-petite-fille Jeanne de Vergy.